Evitement phobique
Les personnes ayant une peur chronique de vomir, je parle des vraies personnes avec une émétophobie, développent souvent beaucoup d’évitements systématiques et beaucoup d’efforts pour se protéger contre les éventuels microbes qui peuvent mener au vomissement. Par exemple, ils peuvent éviter : le contact avec toute personne qui pourrait être malade, les aliments qu’ils ont associé à des vomissements passés, manger dans les restaurants, boissons alcoolisées (en empêchant l’entourage de boire à outrance également), les toilettes autres que les leurs, les parcs d’attractions à sensations fortes… Leurs efforts pour se protéger contre les vomissements les conduisent à éviter de nombreuses situations ordinaires de la vie, et elles deviennent prisonnières de leurs craintes.
Certaines personnes ont connu la peur de vomir une bonne partie de leur vie, et ont réussi à vivre avec elle jusqu’à un certain événement qui a rendu la peur beaucoup moins gérable : l’émétophobie est née. Par exemple, la naissance d’un enfant apportera avec elle la prise de conscience que, tôt ou tard, l’enfant va vomir, et en tant que parent phobique, il/elle se demande comment il/elle pourra gérer cela. De la même manière, l’obligation d’un ami ou un parent proche de subir une chimiothérapie pour le cancer font souvent croître la peur, parce que les nausées et les vomissements sont un effet secondaire fréquent de la chimiothérapie.
Traitement
Les vomissements sont et seront toujours désagréables, et le traitement pour s’en débarrasser ne cherche pas à changer cela (même si on aimerait bien !). Au contraire, le but de cette prise en charge et du travail personnel pour se débarrasser de cette peur, est d’aider les personnes à vivre leur vie, et de participer à des activités qui sont importantes pour elles, sans être limité par une crainte excessive de vomir.
L’émétophobie peut être traitée avec succès grâce à la thérapie émotionnelle, comportementale et cognitive (TECC). Cette thérapie ne nécessite pas que vous devez vous faire vomir (si c’est le cas, fuyez votre thérapeute !!), mais que vous devrez d’abord travailler la maîtrise de vos pensées négatives concernant ces informations erronées que vous envoie votre cerveau, et ensuite vous exposer à des situations, des objets et des activités que vous craignez, et que vous évitez en ce moment. Les exercices d’exposition communs qu’on apprend en TECC incluent : des vidéos et des photographies de vomissements, de cracher dans les toilettes, être assis sur un siège arrière de la voiture, manger à des buffets, éventuellement tourner sur soi-même pour induire des sensations de nausées (je vous avoue que je ne l’ai pas fait cet exercice et je m’en suis sortie malgré tout) , aider et nettoyer votre enfant s’il vomit (et donc ne plus envoyer votre conjoint pour le faire seul), etc. Il suffit de lire cet article, avec mon utilisation très fréquente du mot vomi, vomir, vomissements, nausées, c’est déjà une première étape d’exposition, parce que beaucoup de personnes émétophobes essaient d’éviter le mot, et surement que certains n’arriveront pas à lire l’article car les symptômes sont apparus dès la lecture du titre malheureusement.
Je vous ai dit dans un précédent article que la peur de vomir était mon symptôme principal qui caractérisait mon anxiété. Aujourd’hui, je vis sans symptôme de cette peur, j’ai même pu écrire cet article. Il y a quelques années, il m’aurait été impossible d’écrire autant de fois ces mêmes mots, rien que d’y penser ou de les lire me mettait en crise. La TECC m’a permis de me débarrasser de ces pensées négatives et maintenant, j’accompagne les personnes désireuses de s’en débarrasser à distance, par des consultations en ligne, afin d’aider les personnes qui le souhaitent mais qui n’habitent pas à coté d’un thérapeute oui qui n’arrivent plus à se déplacer hors de chez soi.
A bientôt !
Mireille